Double exposition

J’aime bien passer du temps à m’imaginer la vie des gens. Les gares et les aéroports sont mes endroits préférés pour le faire.

Tu trouves ça bizarre ? 

Je fais de la photographie argentique depuis le lycée. Je m’étais inscrite à un cours un peu par hasard lors d’une année d’échange aux États-Unis, et ça a été la révélation. J’avais enfin une bonne raison d’observer des situations de vie, en quête d’un idéal esthétique ou situationnel, sans que cela paraisse étrange. C’est ainsi que je suis passée de la fille « quirky »* et dans son monde à une artiste. Et puis avoir un appareil autour du cou, ça donne une contenance (un peu comme crapoter à la sortie du lycée). 

J’ai ensuite opté pour l’option photo à la fac et après une (trop longue) pause, je me suis réinscrite dans un labo photo il y a quelques années. Toutes les semaines, je développe mes films et tire mes photos en chambre noire et je dois avouer que c’est mon moment préféré de tous. J’aime encore plus quand je suis toute seule au labo et que je mets ma musique. Le temps s’arrête. 

En voilà une longue introduction pour te dire qu’ici j’ai simplement envie de partager mon travail et les petits textes que j’écris parfois pour accompagner mes clichés.  C’est très personnel comme démarche et ça me fait un peu peur de me dévoiler autant, mas je me dis que tu seras indulgent-e n’est-ce pas ? Si je peux apporter un peu de beauté à ta vie ou te donner envie de te lancer, de créer des choses ou même de remettre la main sur ton vieil argentique hérité de ta grand-mère, c’est gagné !

On me demande souvent si la photographie c’est ma passion et je dois avouer que ce terme me gêne un peu. Je crois que je ne le comprends pas vraiment. Est-ce qu’être passionnée, ça signifie tout connaître sur un sujet ? Lire des milliers d’articles ? Voir des tas d’expos ? Je suis loin d’être une experte du sujet et c’est aussi ça qui est intéressant. Je ne cesse d’apprendre et d’expérimenter. Je me plais à envisager la photographie comme cette activité (parmi d’autres) qui me fait du bien et qui m’autorise quelques sujets de conversation supplémentaires. 

En ce moment, je suis obnubilée par la double exposition. C’est le principe de superposer deux images (ou plus) prises successivement sur le même négatif. A l’origine, les premiers appareils photo argentiques ne possédaient pas de mécanismes permettant l’avance du film. Il était donc courant que le photographe obtienne de façon involontaire et parfois volontaire des images représentant en surimpression différentes prises de vue.
Techniquement, il suffit de prendre une première photo, puis une seconde sans avancer le film entre les deux. Le négatif affiche ainsi deux scènes différentes en surimpression. Aujourd’hui il est possible de débrayer manuellement le film pour l’empêcher d’avancer. Le mode « expositions multiples » est aussi intégré à certains boîtiers plus récents. Il est également possible de superposer deux négatifs dans l’agrandisseur directement en chambre noire pour visualiser le rendu.
Si tu travailles en numérique, tu peux pré-visualiser ta surimpression directement sur ton appareil et si tu n’as pas cette option, il est possible de le gérer en post-traitement sur des logiciels et applications dédiés comme Photoshop. 

Toute la beauté de cette technique vient de son côté hasardeux. C’est justement le fait de ne pas pré-visualiser le rendu qui le rend si poétique et rare. La technique semble simple en théorie et pourtant elle demande une certaine maîtrise de la composition. Le tout c’est de s’amuser un peu avec la lumière et les volumes. Personnellement, j’aime bien assembler un portrait et un élément naturel pour éviter de trop charger ma photo mais c’est à toi d’explorer. Effet surprise assuré !

Je te mets quelques exemples ci-dessous.

Dis ça t’intéresserait un tuto complet sur le sujet ?

* bizarre, original, excentrique, étrange.

Restons en contact