Quand la vie devient chienne, seule la beauté peut te sauver.

Je ne sais pas toi mais à chaque fois que je vis une étape difficile, j’ai envie de me barrer loin, très, très loin. Et c’est ce que j’ai fait pendant quelques années. Ça a du bon la fuite. Tu peux te réinventer ailleurs, tu échappes à la routine, tu chamboules ton quotidien qui t’enferme. Tu as le sentiment profond que tu peux enfin être toi jusqu’au moment où tes démons te rattrapent et où l’attrait de la nouveauté se défile devant l’immense sentiment de solitude qui s’empare de toi.

Ceci n’est que mon expérience et même si aujourd’hui j’ai encore envie de lever le camp de temps en temps avec l’espoir secret que la vie sera plus douce ailleurs, j’arrive à me raisonner et à me dire : « non la vie ne sera pas plus simple à des milliers de kilomètres de ta famille et de tes amis, dans un pays où il fait -20 degrés sept mois de l’année, où tu n’as ni job, ni appart, ni repères ». Parce que oui, c’est moi la fille qui a un visa de travail pour le Canada depuis 3 ans alors qu’elle déteste l’hiver, le froid, la neige, le ski. Inutile de souligner que ce visa de travail n’était évidemment pas gratuit. Alors crois-moi la fuite ça me connaît… enfin pas cette fois et c’est bien ça le sujet.

Je suis passée par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel avec ce projet d’expatriation. J’ai surtout bien saoulé mes amis à coup de « c’est bon je pars, je me lance » et de « non mais en fait je crois que je ne le sens pas ». La vérité c’est que je détestais ma vie (professionnelle surtout) à Paris et j’avais la nostalgie de mes années passées aux Etats-Unis et de la fille que j’étais back then. Plus audacieuse, créative, aventurière. J’avais envie de me challenger et de tout recommencer pour me prouver que je pouvais prendre des risques, sortir de mon confort et être fière de moi. Et puis j’ai rencontré quelqu’un qui ne partageait pas ce projet, et puis j’ai eu des soucis de santé et puis j’ai eu la trouille. Mon besoin d’évasion et de changement était indéniable mais fallait-il vraiment se faire violence dans un moment d’extrême fragilité juste pour me convaincre que j’en étais encore capable ? Sans compter toutes ces personnes bien intentionnées qui me disaient combien mon projet était inspirant. Je n’avais pas envie de décevoir tous ces gens qui comptaient sur moi pour vivre cette expérience qu’eux-mêmes n’étaient pas prêts à vivre. Si tu trouves ça trop cool de tout quitter pour partir au bout du monde, fais-le ! Ha on fait moins le malin là ?

Le courage augmente en osant et la peur en hésitant – Proverbe romain

Le temps est passé et aujourd’hui il ne reste plus que 6 mois avant la fin de mon visa. J’ai longtemps eu peur de regretter et de le vivre comme un échec. J’ai pris le temps qu’il fallait pour me détacher du regard des autres et réaliser que je n’avais pas besoin de m’imposer une expérience qui ne me tentait qu’à moitié pour être fière de moi. Il me suffisait de commencer par arrêter de pester contre la terre entière, de changer d’état d’esprit et de passer à l’action pour aller mieux et me retrouver. J’avais lu La confiance en soi de Charles Pépin, que je te conseille vivement. Dans son livre il développe l’idée que les gens qui passent à l’action n’ont pas plus confiance en eux que les autres et que c’est par l’action qu’on gagne confiance en soi. J’avais besoin de me mettre en danger, de me bousculer un peu pour reprendre confiance en douceur. J’ai alors entrepris une série de petites choses qui me faisaient de l’oeil depuis longtemps et qui me terrifiaient comme prendre un cours d’écriture, reprendre le théâtre, faire de l’impro (angoisse ultime), aller à des événements où je ne connais personne, exposer mes photos. Ce blog en fait aussi partie. J’ai accepté d’être mal à l’aise, l’éventualité de ne pas aimer ou de ne pas y arriver. Et ça me rend très fière.

C’est en expérimentant que je me suis rappelée que c’est par la beauté, la créativité et la découverte que je me ressource et m’évade au quotidien.

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