Il était une fois un très joli vase

 » C’est OK, je suis fragile
Presque sans défense
Ne crois pas que c’est futile
C’est ici que tout commence « .

– Camélia Jordana • Facile

Assise en face d’elle dans une salle de réunion minuscule, je l’écoute parler. Le souffle de la climatisation étouffe certains de ses mots. Tant mieux ! Ça me plaît d’imaginer les fins de ses phrases. Mon regard glisse depuis l’étiquette New Man qui dépasse du col de sa chemise, vers le velours côtelé de son costume marron, et s’arrête sur ses mains.

Posées l’une sur l’autre, j’observe ses bagues en argent massif. Comment est-ce possible de montrer si peu de goût dans le choix de ses tenues vestimentaires et de posséder d’aussi beaux bijoux ? Peut-être les lui a-t-on offertes ? Je ne vois pas d’autre explication.

Je me concentre pour ne pas bailler. J’essaie de ne pas éclater de rire en pensant à ma tête lorsque je baille la bouche fermée. Ça se voit tellement. Un peu comme les personnes qui s’oublient dans les transports en commun et font mine d’être indisposées par l’odeur. 

Soudain, elle prononce la phrase qui me suivra pour le reste de ma vie : 

« Prendre la décision de te recruter, c’est un pari. Un peu comme un vase… Tu es comme un très joli vase… Je ne sais jamais quand il va se casser ».

Mes yeux fixés sur ses doigts boursoufflés, on m’appelle fragile pour la première fois.

ARTICLES PRÉCÉDENTS

Restons en contact