L’information qui suit est strictement confidentielle et ne fera l’objet d’aucune moquerie ou commentaire sarcastique.
As-tu déjà vécu une première fois qui n’en finit pas, une première fois qui se répète, une première fois à laquelle on ne s’habitue pas ?
S’il existe un événement aussi marquant qu’une naissance ou qu’un mariage, c’est bien de passer son permis de conduire. À chaque fois que j’annonce à mon entourage que je l’ai passé cinq fois, ça fait l’effet d’une bombe. Les gens ne me regardent plus de la même manière. Certains, ils le démentiront peut-être, ressentent même une certaine appréhension à l’idée de monter en voiture avec moi. Mais savent-ils seulement les séquelles que cette expérience a laissées sur son passage ?
Je ne reviendrai pas sur les quatre échecs qui ont ponctué la quête du Saint Graal, mais plutôt sur la consécration elle-même. Mon moniteur, qu’on appellera Therry par souci de confidentialité, avait cette fâcheuse tendance à s’adresser à moi à la troisième personne. Ça donnait :
– Elle n’a pas vu la priorité à droite ? Elle n’a pas remarqué le panneau indiquant la priorité à quelques mètres avant l’intersection ?
Il ponctuait souvent ces longs monologues de la même manière.
– Un jour j’écrirai un livre sur toutes les conneries que je vois défiler dans cette voiture.
Je dois avouer que pour quelqu’un d’aussi sanguin que moi, apprendre à conduire avec un Therry à ses côtés et refréner mes pulsions d’étranglement à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, représentait un véritable challenge. Je me souviendrai toute ma vie de mes deux heures de conduite avant le jour J.
– Bon elle est stressée, elle se dit que c’est la cinquième fois qu’elle passe son permis. Elle se dit qu’elle ne l’aura pas et elle a raison de le penser…
C’est à ce moment précis que ma haine pour ce pauvre type s’est transformé en moteur et je me suis dit, en mon fort intérieur, qu’il était hors de question que je passe une heure de plus en compagnie de cet homme aigri, négatif, pervers et qui plus est, ne maîtrise pas la conjugaison française.
Le lendemain, ce cher Therry se tenait devant moi, en compagnie de l’inspecteur. Certaines personnes n’ont pas « la chance » de passer leur permis avec leur moniteur attitré mais le mien était bien décidé à assister au fiasco N°5 (de Chanel). Je tremblais comme une feuille. Un coup d’œil sur le rétroviseur intérieur et le regard suffisant de Therry, un autre sur le rétroviseur extérieur, angle mort et nous étions partis. Cinquante-deux heures de cours de conduite, 2 000€ en moins, un créneau à gauche et deux priorités à droite plus tard, me voilà le permis en poche !
Je repense parfois à Therry et à toutes les fois où il m’a répété qu’il écrirait un bouquin sur ces 10 ans de monitorat. Je me demande s’il s’est fait virer avant, ou après la non-publication de son torchon.
Ps : Je tenais à préciser tout de même (pour l’honneur) qu’elle a eu son code du premier coup !
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Bravo quelle belle leçon de persévérance et surtout de self control ! Tu es une championne et peu importe le nombre … comme on dit « ne regarde pas la quantité mais la qualité ! »
Plein de bonnes choses et c est très agréable de te lire ; ça donne du baume au cœur
Merci beaucoup pour ce gentil commentaire. Il n’y a rien qui ne me fasse plus plaisir que d’offrir un joli moment 🙂