Je me souviens

Souviens-toi c’était un jeudi. Souviens-toi on avait suivi, le chemin des amoureux. C’était, il était une fois nous deux. – Joe Dassin

Parfois quand je suis prise de panique face à ma page blanche, je fais cet exercice très simple qui consiste à plonger dans ses souvenirs et les énumérer en vrac. Pendant le stage d’écriture que je me suis offert pour mon anniversaire (je t’en parle ici), nous nous sommes prêtés au jeu. De nouveaux souvenirs refont surface à chaque fois… Je t’en livre quelques-uns.

Un, deux, trois… nostalgie !

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Je me souviens poser mon oreille sur le gazon pour écouter les bruits de la terre.

Je me souviens de la brosse à cheveux que ma soeur me plantait dans le crâne pour me coiffer le matin.

Je me souviens m’être demandée si on pouvait mourir de chagrin.

Je me souviens des gouttes d’urine qui m’échappaient à force de rigoler.

Je me souviens de l’odeur de détergent des rues de Villafratti en Sicile.

Je me souviens de ma nonna qui me précisait que ce n’était pas du porc, à chaque fois qu’elle cuisinait de la viande.

Je me souviens m’être entraînée à déplacer les objets par la pensée, après avoir lu Matilda de Roald Dahl.

Je me souviens des chewing-gums Frizzy Pazzy qui crépitent dans la bouche.

Je me souviens des dimanches après-midi à joueur aux Mystères de Pékin.

Je me souviens de mon discours de cérémonie des César, inventé sous la douche.

Je me souviens de la fois où j’ai fait croire que mes parents étaient encore ensemble et que nous avions un chien.

Je me souviens de Philippe qui avait passé la journée assis sur le radiateur parce qu’il avait fait pipi dans son pantalon.

Je me souviens avoir manifesté pour la première fois en 2002.

Je me souviens des palpitations quand je trichais en cours de Physique-Chimie.

Je me souviens lister les prénoms que je donnerai à mes futurs enfants.

Je me souviens surprendre mon grand-père parler à ses fleurs.

Je me souviens sauter à l’élastique très haut à la cour de récré.

Je me souviens me faire appeler Jody parce que je n’arrivais pas à prononcer Laura en anglais.

Je me souviens attendre que ma mère ait le dos tourné pour jeter mon bol de lait dans l’évier.

Je me souviens trembler de colère et ne rien dire.

Je me souviens de chaque heure passée dans le train, l’avion et le bus pour le retrouver.

Je me souviens des tours de manège à la sortie du lycée.

Je me souviens du pop-corn qui explose dans la casserole.

Je me souviens des canulars téléphoniques depuis la cabine téléphonique qui longe la route des plages à Ramatuelle.

Je me souviens retirer la coque délicatement, sans me piquer, et placer le marron frais dans ma poche.

Je me souviens quémander des caresses dans le dos à mes copines et m’endormir avant que je puisse leur rendre la pareille.

Je me souviens avoir présenté l’oeuvre de Dante en espagnol, à l’oral d’italien du bac.

Je me souviens du jour où il a pris 6 ans ferme.

Je me souviens avoir été prise d’un fou rire à l’enterrement de mon nonno.

Je me souviens de la robe à rayures rouge et blanche avec une collerette de marin que je portais le jour de mes 7 ans.

Je me souviens faire faire des sauts périlleux à mon poisson rouge.

Je me souviens de mamie Sol qui me disait  » va, va te faire cuire un oeuf » quand j’étais trop insolente.

Je me souviens faire mes devoirs à plat ventre sur le tapis berbère rouge et orange du salon.

Je me souviens des matinées dans la cuisine. Ma mère prépare le déjeuner, je lui demande comment embrasser.

Je me souviens des chemises de nuit immondes que j’héritais de mes grandes-soeurs.

Je me souviens ne pas réussir à m’endormir fâchée.

Je me souviens composer un numéro surtaxé pour connaître notre compatibilité amoureuse.

Je me souviens observer le battement vifs des ailes des pigeons quand ils se reproduisent.

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« Je me souviens » est un exercice d’écriture plutôt efficace pour se débloquer (d’autres exercices sont disponibles ici). Il suffit de commencer chacune de tes phrases par Je me souviens et de laisser libre court à tes souvenirs. 

Minute culture – I Remember de Joe Brainard est un recueil de souvenirs. Georges Perec s’en est largement inspiré dans son recueil Je me souviens publié en 1978. 

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