Méchané Makom, Méchané Mazal.*

La première fois que j’y ai mis les pieds, je portais mon jean boyfriend gris et un t-shirt noir col en V. J’avais décidé après une rupture amoureuse que je ne devais plus attendre la bonne personne pour faire ce que j’aime. Je l’avais pourtant espérée longtemps cette relation. Celle qui rend plus forte, celle qui rend tous les projets possibles…

Après cette belle histoire, des mois entiers confinée dans mon studio parisien de 27m2 à cogiter, mes envies de liberté, de lumière, de grands espaces verts, de bleu du ciel et d’oliviers sont réapparues ; et il n’était plus question de les ignorer.

Voilà que sur un coup de tête, je me surprends à réserver un billet pour Marseille. 5 jours pour me prouver que je n’ai pas besoin d’être en couple pour voyager. 5 jours pour découvrir cette ville qui m’appelle. 5 jours pour ressentir quelque chose. 5 jours pour le déclic, le signe, le coup de foudre.

Parfois, 5 jours suffisent à chavirer.

Après ce voyage, le flou. La valse des couchers de soleil, des cartons, du papier bulle, des baisers salés, des panisses, des devis, des doutes, des soirées anisées. L’odeur du ruban adhésif, des livres partout, les amis, les klaxons, les nuits sur le canapé jaune, les larmes, la mer, les rats, les conseils, la lumière, les commentaires, les poubelles pleines, le trouble, les visites d’appartement, les sourires, les valises, le vide, la vie.

Il y a un an, je débarquais seule, dans une ville inconnue, avec pour unique point de chute, un appartement ravissant au toit-terrasse typiquement marseillais, et le numéro d’un ami d’ami qui venait de s’installer dans la cité phocéenne.

Je ne sais pas expliquer pourquoi cette ville, pourquoi si vite. Quelle était l’urgence ? Une évidence. Je suis rentrée à Paris, j’ai rassemblé mes affaires, j’ai géré l’intendance et les coups de flip. En deux mois c’était plié ! Puis, je suis partie comme une voleuse. Comment dire au revoir à treize ans de vie ?

Il y a un an, je me tenais au pied de l’escalier monumental de la gare de Marseille Saint-Charles, loin de me douter que mon Mazal allait changer.

 

* (Hébreu) Change de lieu, change de Mazal. Le Mazal signifie littéralement la chance. Il fait aussi référence à la personne qui nous correspond vraiment.