J’aime partager les émotions que m’offre la vie. Toutes ces merveilles dissimulées dans la nature qui nous font ressentir quelque chose de si fort qu’elles sont impossibles à oublier. L’émotion, cette intemporelle…

« Les gens oublieront ce que vous avez dit, ils oublieront ce que vous avez fait, mais n’oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir. » – Maya Angelou

Alors évidemment quand je découvre une initiative culturelle, féministe ET solidaire, je ne peux que t’en parler.

A las olvidadas est d’abord née en Espagne en 2018 où Maria Rufilanchas, publicitaire féministe et engagée, collecte des livres qu’elle remet à des femmes en prison. Chacun des livres est personnalisé d’un message. Trois prisons plus tard et plus de trois mille livres distribués, Laure Gomez-Montoya, Déborah Kahn et Karine Vincent créent l’association Aux oubliées et lancent cette belle initiative en France.

Loin de notre quotidien, la littérature nous ouvre les fenêtres d’un monde enchanté dans lequel tout semble possible. Lire c’est accepter de voyager vers une destination inconnue, accepter de se laisser porter par les mots et de se perdre un peu parfois. Quelle plus belle invitation pour ces femmes incarcérées ! Avec beaucoup de poésie, ces trois militantes ont pour ambition d’apporter douceur et réconfort aux détenues et d’ouvrir le débat autour de ces femmes trop souvent oubliées.

Le système pénitentiaire français est loin d’être le pire et pourtant les femmes n’ont pas leur place. Les prisons ont été pensées pour les hommes et ne sont pas adaptées aux femmes, qui représentent 3,6% de la population carcérale en France*. Seules deux prisons leur sont spécifiquement réservées : le centre pénitentiaire de Rennes et la maison d’arrêt de Versailles. La plupart du temps, elles sont affectées dans des quartiers pour femmes dans des prisons « mixtes ». Isolées du reste de la détention et très largement minoritaires (certains centres n’accueillent que 3 à 5 femmes), l’accès aux différents services – comme les services médicaux, la formation ou les ateliers censés faciliter leur réinsertion, leur est limité. Sans compter qu’elles doivent être accompagnées dans tous leurs déplacements.

Par ailleurs, la localisation géographique des établissements accueillant des femmes condamnées à des peines de plus de deux ans, (répartis principalement dans la moitié nord de la France et en outre-mer) complexifie davantage le maintien des liens sociaux ou familiaux pour ces femmes.

« La lecture est une amitié ». – Marcel Proust

Écrire à une inconnue dans une situation difficile peut te mettre mal à l’aise et c’est aussi là toute la beauté du projet. Ce n’est pas qu’une histoire de littérature, peu importe le livre au final ; l’essentiel repose sur le lien que tu crées avec une personne que tu ne rencontreras sans doute jamais. Tu partages un instant vrai. Pur. Un coeur à coeur. C’est l’occasion de faire tomber les masques et de se dire les vraies choses, enfin c’est ainsi que je l’envisage. Si tu as besoin d’inspiration, le compte Insta de l’association regorge de mots tous plus touchants les uns que les autres. Beware,** si tu as la larme facile.

Personnellement, j’offre à ma belle inconnue, un de mes livres préférés : En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut. L’histoire totalement farfelue d’un amour fou, racontée avec beaucoup de poésie et de délicatesse.

 

POUR PARTICIPER
La toute première distribution s’est tenue le 9 mars 2020 à la prison de Fleury-Mérogis qui accueille le plus grand quartier pour femmes.L’association accepte des livres toute l’année.

Pour participer, il te suffit d’envoyer à l’adresse ci-dessous un livre, n’importe quel livre, neuf ou d’occasion, long court, en français ou pas, et d’y ajouter un petit mot personnalisé sur la première page.

Pense bien à signer ton message qui sera photographié et partagé sur le site et les réseaux sociaux de l’association Aux oubliées. Les livres sans message ne seront pas distribués.

Envoie ton livre à :
Karine Vincent
L’Iconoclaste
c/o Aux oubliées
26 rue Jacob
75006 Paris

Si tu le souhaites, tu peux aussi transmettre tes coordonnées personnelles sur une feuille libre et blanche afin d’établir un début de correspondance. Encore mieux, joins une enveloppe libellée à ton nom et adresse (toutes les détenues n’ont pas les moyens de « cantiner » pour s’acheter des timbres).

* Observatoire international des prisons – Janvier 2019
** Prends garde (c’est mon côté Jean-Claude Van Damme ou Mia Frye si tu préfères mais là c’était nécessaire tu en conviendras. Prends garde c’était trop excessif non ?)

 

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