La Tour Eiffel scintille. Minuit. C’est la dernière fois qu’elle scintille aujourd’hui. Avant même que je ne dise quoi que ce soit, tu me proposes de monter sur un banc pour la regarder un instant. Tu sais combien je ne me lasse pas de ce spectacle. Les bateaux-mouches, le vent glacé, toi, moi, comme des enfants sur notre banc… Mon cœur va exploser.
Si nous étions dans un film de Jean-Pierre Jeunet, tu verrais ma poitrine briller à travers mon pull jaune. Je l’ai choisi pour toi ce pull. Je n’étais pas certaine que tu le verrais. En le voyant, tu aurais su immédiatement ce que j’essayais de te dire.
Bientôt la Tour Eiffel va s’éteindre et notre moment sera passé. Je reste concentrée sur les lumières. Une minuscule partie de mon attention se pose sur le bout des doigts de ma main gauche. Je suis à quelques millimètres de toi. J’entends mon cœur battre fort dans mes tempes. Je n’ose pas te regarder. Sans m’en rendre compte, j’ai arrêté de respirer. J’espère de toutes mes forces que tu m’attrapes la main, comme avant.
La lumière s’éteint. Tu sautes du banc et me dit : « On y va ? ». Je manque de m’effondrer.
Et si je m’effondre, est-ce que seulement tu m’aimeras ?
Je ravale ma déception et les mots d’amour que je garde pour moi depuis toi.
Je suis à quelques kilomètres de tes doigts.