
Rentrée 1998.
J’ai bientôt 14 ans.
Je porte un débardeur rouge moulant qui m’arrive juste au-dessus du nombril, un pantalon baggy beige trouvé chez Kilo Shop, et mes Fila aux couleurs du drapeau français. Je prends soin de bien laisser dépasser les bretelles de mon soutien-gorge, ou plutôt, de mon soutien-rien. Je viens de me faire couper les cheveux. J’adore mon nouveau dégradé. À la sortie du cours d’anglais, Quentin Tarillo me dit que ça me va super bien. Peut-être qu’il va me demander de sortir avec lui…
Dans les vestiaires les filles parlent des garçons et de menstruations. Christelle Meunier raconte comment elle a perdu sa virginité sur un terrain de tennis. Clémentine Chapuis a un amoureux, et visiblement c’est du sérieux. Il lui a offert une bague avec un cœur, une couronne, et des mains autour. Elle dit que quand le cœur pointe vers l’intérieur, ça veut dire qu’on est en couple. Mélanie Béranger a bien enflé du cul et des seins. Elle ne parle plus que de son 90B.
En retard sur tout.
Qui peut m’apprendre à embrasser ?
Je ne comprends pas pourquoi elles n’arrivent pas.
Je me sens trop grande, trop fine, trop tout.
Embrasser des garçons et mettre des tampons, voilà ce que j’attends de mon année !