Je l’attends depuis le moment où il a posé ses lèvres sur mon cou, alors que je dormais encore. Il passe la porte, claqué de sa journée, m’embrasse, se lave les mains. La suite… il la connaît.
Jacques a dit, tout le monde retire ses vêtements !
Nous voilà tous les deux, nus sous les draps, scellés l’un à l’autre. Mes doigts décryptent progressivement son visage. Je retrouve mon territoire ; chacun de ses reliefs, chacun de ses plis.
Je recourbe ses cils de mon index.
Je relie ses taches de rousseur entre elles.
Je malaxe le lobe de son oreille.
Je suis le chemin de la veine bleue sur sa tempe, jusqu’à sa bouche.
Je suis chez moi.
Je sais sa peau : les poils drus de sa barbe, les grains de milium sur ses joues, le duvet qui entoure son front, les gerçures de ses lèvres.
Je le goûte.
Je le respire.
Je sais chacun de ses recoins.
Caresse.
Frissons.
Ma chair devient poule ;
Et ce grain de beauté sur ton nez.
C’est l’heure du dîner.
Je t’aime.