Il y aura des jours où on ne se comprendra pas. Je vais t’agacer. Tu m’entendras crier. J’essaie de me préparer à ce qui nous attend de plus vertigineux, et de plus merveilleux. J’ignore comment m’y prendre. Sommes-nous jamais prêtes ?

Aujourd’hui, je me sens fébrile. Je ne suis plus certaine de le vouloir, ni même d’en être capable. Il fait 26 degrés. Folie. Dans quel monde aride vas-tu vivre ? Pourras-tu seulement respirer ? Je ne manque pas de courage, tu le sais. Sauter dans le vide ne m’excite pas. J’aimerais que tu sois là, que tu me dises que tout ira bien, que nous allons être heureux·ses, tous·tes les deux.

J’ai peur que tu me traites d’égoïste, que tu souffres d’un manque que je ne pourrai pas combler. Qu’est-ce que je ferai si tu ne m’aimes pas ? Si tu es tout le contraire de moi ? Qu’est-ce que je ferai si je regrette, si je ne veux pas de toi ? Ces choses se vivent et ne se disent pas.

Toi, tu sauras tout. Aucun secret qui brise. Aucun non-dit qui traumatise. Pour toi, je veux la force, la tendresse, la bonté et la joie. Il te faudra chercher, sans te décourager, la beauté de la vie. Elle existe, à toi de la trouver.

Au moment où tu me lis, j’ai des idées sur ce que je veux te transmettre. J’ai quelques principes qui voleront en éclat quand tu viendras. Des images me viennent de tes premiers pas, des portes qui claquent, des mots inventés que j’encapsule dans mes carnets.

Je suis en colère aussi. Mon corps de femme me presse. Si seulement, je disposais de plus de temps… Le temps d’écrire des livres. Le temps de tomber amoureuse. Le temps des voyages. Moi, je veux rire et faire des grasses matinées. Comment ne pas s’oublier complètement ? Je sais que tout va changer. Mais quoi, exactement ? Je ne veux pas que tout tourne autour de toi. J’ai peur de me perdre, d’être aigrie, et de ne jamais réussir à te laisser partir.

Je m’apprête à prendre la plus grande décision de notre vie. Je ne suis plus très sûre de moi. Parfois, j’imagine le pire. J’envisage le vomi, la crotte sur la table de travail, les fausses couches, la maladie. L’isolement, aussi.

Quand tu liras ces mots, nous nous serons aimé·es, transformé·es, déchiré·es, consolé·es, toi et moi. On n’arrivera peut-être pas toujours à communiquer. Peut-être que dans ton arrogance adolescente, tu me trouveras inintéressante, maladroite ou trop présente. J’aimerais que tu n’oublies pas que la seule chose dont je ne doute pas, c’est toi. Je te veux toi !

Je promets de faire de mon mieux. Je promets de ne pas toujours y arriver. Je promets de t’aimer de toutes mes forces.

Tu es ma plus belle histoire d’amour. Mon plus grand bouleversement.