Dis, ça fait quoi quand tu ne dors pas ? 
Quand tout s’arrête.
Quand il n’y a plus de bruit.

Est-ce que tu as peur ?
Est-ce que tu écoutes le temps ?
Est-ce que toi aussi, tu entends battre ton cœur ?

Pour moi, c’est pire quand je ne suis pas chez moi.
Et pire encore, si on partage le même lit ; quand toi, tu dors, et moi, qui ne dors pas.

Je voudrais lire, écrire, ou dessiner dans ces moments-là ; mais je suis bien trop fatiguée.
Alors, je compte les heures sans sommeil, je m’inquiète pour ma journée, j’aimerais comprendre pourquoi je ne dors pas.

Le silence me fait peur ; pourtant je perçois son appel.

Il y a des nuits où je voudrais aller voir la mer.
Prendre un vélo, filer dans un paysage bleu foncé jusqu’à l’eau.
Écouter le vent, respirer le sel, plonger mes pieds dans l’eau gelée.

Peut-être même que j’y verrais des sirènes. Peut-être qu’elles essaieraient de me charmer.
Tu sais, ce n’est pas parce qu’on ne les voit pas que les choses n’existent pas. Moi, je les entends parfois…

Si demain je suis courageuse, j’irai seul à la rencontre de la nuit.
Je danserai nue sur le sable dans les vapeurs d’alcool.
Je me perdrai dans les abysses, là où reposent les âmes égarées et toute sorte de créatures saugrenues ; avant de m’abandonner aux ailes de Morphée.

Qui sait ce qui se passe quand la lumière s’éteint, et que je ne dors pas…