« Quand je serai grand, je veux être consoleur. »

Jérémie a ce rêve, que seul un enfant de 5 ans peut poursuivre.
Une fois adulte, les rêves flétrissent et rapetissent.
Il faut dire qu’il est plus facile d’investir son argent, que de consoler les gens. 

Comment consoler une mère qui vient de perdre son unique fille ? 
Comment trouver les mots pour apaiser ses cris ? 
Comment accepter ce que la vie donne et reprend ? 
Comment lui avouer que les événements s’enchaînent dans le désordre, souvent ?

La légende dit qu’un consoleur est élu à l’âge de 7, de 18 ou de 55 ans. Sa mission de consoler les peines, lui est alors confiée. S’il l’accepte, il part s’installer dans un village minuscule, à mi-chemin entre ici et ailleurs. Un village appelé Capharnaüm. En hébreu, Kafar Nahum signifie le village de consolation ou le village de compassion (ça dépend des dictionnaires).*

Tous les premiers jeudis du mois, les consoleurs se rassemblent et collectent les sanglots, le tourment, les blessures.

Les sanglots sont versés dans des jarres en terre cuite. Ils nourrissent la terre et les fleurs.
Le tourment, encapsulé dans une immense malle en métal, est jeté dans le lac qui traverse le village.
Les blessures, quant à elles, réclament le savoir-faire des tailleurs d’ailes. Ces artisans créent des ailes en papier mâché, pour panser les souffrances. Une fois la ruée prête, les blessures s’envolent toutes dans une même direction inconnue.

À chaque être qui te demandera où partent les larmes qui débordent ? Comment soigner la douleur d’avoir trop aimé ? À quel moment ça ne fait plus mal ? Tu raconteras l’histoire du consoleur et du village de Capharnaüm.

Encourage-le à patienter.
Après l’orage, l’arc-en-ciel.

Pour Renée, Michel et Leslie. May you find the light.