Embrasser la photo de Jordan Catalano et la glisser sous l’oreiller.
Enfiler une perle rouge, jaune, verte sur les lacets de mes fausses Doc Martens.
Les sweats autour de ma taille pour ne pas qu’on voie mes fesses.
M’entraîner au Taekwondo pour être aussi sexy que Buffy.
Les cours d’Espagnol assise sur le bord de la fenêtre.
Hurler « Oh comme je t’aime – quand tu t’expliques. C’est drôle, mais… », au concert de Vanessa Paradis à la Halle Tony Garnier.
Escalader le portail du Parc de la Tête d’or, manquer de perdre ma virginité, me cacher dans les bosquets pour échapper au veilleur de nuit.
Commander un Malibu-Ananas, me déhancher sur You are my high en buvant à la paille.
La marque de ma main sur le visage d’Audrey, après qu’elle m’ait traitée de pute.
Baptiste qui me dessine dans la cour du lycée, ses yeux me dévisagent en fumant des roulées.
Mettre du coton dans mon soutif. Marre qu’on m’appelle planche à pain !
L’embrasser dans la cour, sentir ses mains sur mes joues, ouvrir les yeux de nouveau… Tout tourne.
« Vivement mes 18 ans que je me barre de cette maison », jetés à la volée un peu trop souvent.
Le rab d’épinards à la crème de la cantine.
Commander un allongé pour 6, parce que nous sommes fauchés.
Demander qu’on me surnomme Tabata avant de connaître l’existence de Tabatha Cash.
Répéter « Vous avez d’la pâte, vous avez du suc’ ? » et exploser de rire tous en même temps.
Les nuits sans sommeil, les rouleaux s’enfoncent dans mon crâne… La satisfaction d’avoir les cheveux bouclés le lendemain.
Faire la grève de la faim une soirée, pour obtenir l’autorisation d’aller au concert des Spice Girls.
L’odeur qui écœure du parfum Anaïs, Anaïs.
Feuilleter l’annuaire, appeler quelqu’un au hasard, se battre avec la porte coulissante de la cabine téléphonique pour en sortir.
Truly, Madly, Deeply en boucle dans mon lecteur CD.
Les post-it collés sur la porte de ma chambre pour prier ma mère de frapper avant d’entrer.
Fumer ma première cigarette à la fenêtre de la chambre de ma sœur, en cachette.
Mon mascara à cheveux violet, et cette robe à fleurs sur mon jean.